
- Raoul, t'es où ?
- Je suis dans le salon, je regarde la lune...
- Ah... mon poète... et elle est comment ?
- Un croissant qu'on voudrait dévorer...
- C'est marrant le décalage horaire qu'il peut y avoir entre deux fenêtres, parce que moi, de la cuisine, je n'aperçois qu'une lumière pâle à peine perceptible, perçant difficilement un manteau de nuages...
- Hum... Ah oui ?
- Oui. Par contre, je vois parfaitement le croissant dont tu parles... et je peux te dire qu'il va te falloir lui plaire si tu veux manger à ta faim parce qu'en ce qui me concerne, t'es pas près de re-goûter à mes chouquettes !
- M'enfin, Simone...
- Et tu dors dans le salon, pervers !! Je t'apporte les jumelles !
- rrrrroooo.... ça va ! Y'a pas de mal à regarder les jolies choses !
- Non ! Mais y'en a à se foutre de ma pomme ! Et me dire que tu regardes la lune alors que le reflet de ta perfidie dans la fenêtre de la voisine m'aveugle jusque dans ma cuisine, ça, c'en est !
- Parce que si je t'avais répondu "je mate le superbe cul de la voisine", tu aurais préféré peut-être ??
- Non, mais je t'en aurais voulu pour une seule chose, là, ça fait deux, et la deuxième est empreinte de ce mensonge qui tue la confiance ! Tu comprends rien aux femmes Raoul...
- Si, je comprends que tu es jalouse...
- Jalouse ? De l'autre foldingo de Francine ? Je me lave pas les dents en petite culotte avec les rideaux grands ouverts moi !
- Elle n'a pas de rideaux.
- Comment tu le sais ?
- Bah heu... enfin j'imagine qu'elle n'a pas de rideaux, sinon, elle les tirerait. Non ?
- Raoul, écoute-moi bien. Je vais aller chez Francine, je vais rentrer dans son salon quand elle va m'ouvrir, si jamais il n'y a pas de rideaux, je te conseille d'avoir sauté avant que ce soit moi qui te pousse...
- Mais on est au quatrième ! Et il fait noir comme dans une cave !
- Avec une lune pareille, tu devrais pourtant y voir clair...